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tant de toute la race humaine depuis Adam, et d’Adam lui-même. Voilà pourquoi saint Paul considère Adam comme le type de l’avenir, parce que le Dieu tout-puissant, en le créant, et dès le moment de sa création, avait placé en lui le sceau de sa volonté pour les desseins qu’il avait sur la race humaine, c’est-à-dire que l’homme matériel devait être sauvé par l’homme spirituel. La préexistence de l’auteur du salut supposait la nécessité d’un être qui aurait besoin du salut, afin que l’auteur du salut accomplît son œuvre.

Nous voyons la vierge Marie obéissante et soumise à la volonté de Dieu, et répondant à l’Ange par ces paroles : « Voici la servante du Seigneur, qu’il me soit fait suivant votre parole. » Ève, au contraire, se montre désobéissante, lorsqu’elle était vierge encore, bien qu’elle fût la compagne d’Adam (La Genèse dit qu’ils étaient nus l’un et l’autre, et n’en rougissaient point, parce que, dès les premiers temps de la création, ils n’avaient pas encore l’idée de la procréation ; et il fallait que leur âge adulte s’accomplît avant qu’ils pussent multiplier) ; et cette désobéissance d’Ève la rendit elle-même, et tout le genre humain avec elle, sujette à la mort. Marie de même resta vierge quoiqu’ayant un époux, et sa soumission à la volonté de Dieu devint le salut du genre humain, comme la désobéissance d’Ève avait causé sa perte. L’Écriture nomme donc Ève l’épouse d’Adam, bien qu’elle fût vierge encore ; et il devait exister cette ressemblance entre Ève et Marie, relativement à leur état de femme vierge. Marie a dénoué les nœuds du péché noués par la faute d’Ève, et qui retenaient le genre humain captif ; mais ces nœuds ne pouvaient être dénoués que l’un après l’autre, c’est-à-dire qu’il fallait que le premier fût relâché avant de desserrer le deuxième, et ainsi de suite. C’est pour cette raison que notre Seigneur disait que les premiers seraient les derniers, et que les derniers seraient les premiers. Et le prophète a voulu exprimer la même idée, lorsqu’il a dit : « Pour vous, à la place de vos pères, il vous est né des enfants. » Le Christ, selon la parole de saint Paul, est le premier-né d’entre les morts, parce qu’il a fait participer au