Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 3.djvu/373

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

n’aurait souffert qu’en apparence ? Mais nous savons tous que notre corps a été formé du limon de la terre, et notre âme animée d’un souffle de la divinité : ainsi a été le Verbe sur la terre ; il a été fait homme à notre image, reflétant sa créature en lui-même ; c’est pourquoi il veut qu’on dise de lui qu’il est le fils de l’homme ; et ceux, dit-il, qui sont doux et qui lui ressemblent possèderont la terre. D’ailleurs saint Paul, dans l’Épître aux Galates, dit formellement que « Dieu a envoyé son Fils, formé d’une femme, et soumis à la loi. » Et, dans l’Épître aux Romains, il ajoute au sujet de son Fils, Jésus-Christ, « lequel lui est né de la race de David, selon la chair ; qui a été prédestiné Fils de Dieu en puissance, selon l’esprit de sainteté, par sa résurrection d’entre les morts. »

Au reste, d’après le système de nos antagonistes, l’incarnation du Verbe dans le sein de Marie devenait tout-à-fait inutile. À quoi bon le verbe y serait-il descendu s’il ne devait rien prendre de sa chair ? Mais s’il n’avait rien eu de la chair mortelle de sa mère, qu’aurait-il eu besoin de nourrir son corps avec les aliments qui sont produits par la terre ? aurait-il jeûné pendant quarante jours comme Moïse et Élie, et son corps aurait-il souffert de cette abstinence ? Et encore, s’il en eût été ainsi, Jean, son disciple, aurait-il dit, en parlant de lui, que Jésus étant lassé du chemin s’assit pour se reposer ? Et David lui aurait-il fait dire : Ils ont ajouté encore à la douleur de mes plaies ? Il n’aurait pas pleuré sur Lazare, il n’aurait pas eu une sueur de sang ; il n’aurait pas dit : Mon âme est triste jusqu’à la mort ; ni de son flanc, percé d’un coup de lance, il ne serait pas sorti du sang et de l’eau ; car tous ces actes appartiennent au corps mortel, qui est formé de la terre, et que le Christ a revêtu pour ressembler à sa créature et pour opérer son salut.

Aussi saint Luc déroule-t-il la génération de Jésus-Christ, depuis Adam, en comptant soixante-douze générations sans aucune interruption ni lacune, ce qui signifie que le Christ est venu pour réunir sous une même loi tous les hommes dispersés sur la terre et parlant diverses langues, et se faire le représen-