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Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 3.djvu/397

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Jérusalem a donc été répandu par toute la terre ; dès-lors elle est devenue inutile, elle a été enlevée du milieu du champ. C’est d’elle, en effet, que sont sortis, selon l’ordre de la chair, le Christ et ses apôtres. Toute chose qui a eu un commencement purement temporel, doit également avoir une fin temporelle.

L’ancienne loi a été fondée par Moïse, et elle a duré jusqu’à la venue de saint Jean-Baptiste. Le Christ est venu pour la compléter. « La loi et les prophètes ont duré jusqu’à Jean, » dit saint Luc. Jérusalem a duré également depuis David jusqu’à Jean, et a rempli ses destinées ; il fallait que l’ancien Testament prît sa fin, lorsque le nouveau arrivait et se manifestait.

Tout ce que Dieu fait, il le fait avec ordre et mesure ; il donne à toute chose sa mesure, parce qu’à toute chose il donne sa perfection.

C’est avec raison qu’il a été dit que l’immensité du Père trouvait cependant sa mesure dans le Fils. Le Fils mesure le Père, puisqu’il le comprend.

Nous disions donc que la nécessité de l’existence de Jérusalem n’était que temporaire ; aussi Isaïe a-t-il dit : « Et la fille de Sion sera abandonnée comme la hutte après la saison des fruits, comme une cabane dans un champ de concombres. » Mais dans quel temps serait-elle abandonnée ? n’est-ce pas après que le fruit étant mûr aurait été enlevé, et qu’il ne resterait plus que les feuilles desséchées et stériles ?

Or, ce qui arrive sur le sort de Jérusalem n’est-il pas dans l’ordre des choses, puisque la figure du monde entier lui-même doit également passer lorsque le temps en sera venu, c’est-à-dire lorsque la moisson aura été serrée dans le grenier, et que la paille laissée sur l’aire sera livrée aux flammes ? « Un jour viendra enflammé comme la fournaise ; et tous les superbes et tous ceux qui commettent l’iniquité seront comme la paille ; et le jour qui vient les embrâsera. » Mais qui est celui dont la venue marque ce jour dont parle le prophète ? c’est le Christ, comme saint Jean l’explique, quand il dit : « Celui-là vous baptisera dans l’Esprit saint et dans le feu : il tient le van à sa main,