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et il nettoiera son aire ; et il amassera son froment dans le grenier ; et il brûlera la paille dans un feu qui ne s’éteindra point. » Car c’est bien le même créateur qui crée le froment et la paille ; et c’est le même aussi qui en fait la séparation au temps de la moisson. Il est vrai que la paille et le froment sont des êtres inanimés et privés de raison, et dont la destinée est purement passive ; mais il n’en est pas de même de l’homme, qui a été créé raisonnable, et par cela même, à la ressemblance de Dieu, qui est libre dans ce qu’il veut et dans ce qu’il peut, et qui a la faculté de devenir, suivant son libre arbitre, froment ou paille. C’est pourquoi il sera justement condamné, si, doué qu’il est du flambeau de la raison, il l’a laissé éteindre en lui, en vivant dans le désordre, dans l’injustice, et devenant l’esclave de ses passions et du péché ; et, comme dit le prophète : « L’homme au milieu de sa grandeur, n’a pas compris sa destinée, il s’est fait semblable aux animaux qui meurent tout entiers. »


CHAPITRE V.


L’auteur revient à son sujet principal, et il démontre que c’est un Dieu seul et unique qu’ont annoncé la loi et les prophètes, que le Christ a appelé son père, et qui s’est manifesté au monde, tant sous l’ancien que sous le nouveau Testament, par son Verbe, un avec lui et consubstantiel à lui.


Ainsi le Dieu que le Christ a appelé son père, que la loi et les prophètes ont annoncé, n’est autre que le seul et même Dieu qui ouvre et ferme les cieux comme un livre, qui renouvelle d’un regard la face de la terre ; qui a créé les choses qui sont dans le temps, afin qu’elles servent à l’homme de moyen pour mériter l’immortalité, et qui, dans son inépuisable bonté, donne encore par surcroit à l’homme les biens éternels, « afin de faire connaître, dans les siècles à venir, les richesses abondantes de sa grâce. » C’est lui aussi qui est le souverain créateur de toutes choses, et qui est au-dessus de tout, comme l’atteste Isaïe par