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comme une hostie que Dieu accepte et qui lui est agréable. » Ainsi, ce qui peut rendre notre offrande agréable à Dieu, c’est notre sentiment de reconnaissance envers lui, c’est une foi pure et sincère, c’est notre ferme espérance jointe à un amour fervent, ce sont enfin toutes les dispositions intérieures. Mais il n’y a que l’Église qui puisse accomplir le sacrifice dans toute sa pureté, en offrant à Dieu, avec des actions de grâces, les prémices de ses propres créatures. Les Juifs ne le pourraient pas, leurs mains sont encore souillées du sang innocent. Ils n’ont pas voulu reconnaître le Verbe même, qui est offert chaque jour à Dieu dans le saint sacrifice. Les différentes sectes d’hérétiques n’en sont pas mieux capables que les Juifs ; car, parmi eux, il en est qui ne reconnaissent pas notre Dieu, en supposent un autre, et, en lui offrant les prémices de ses propres dons, nous montrent leur Dieu comme un être avide du bien d’autrui. Si nous voulions parler ici des gnostiques, qui supposent que les choses créées sont le produit d’une révolte, de l’ignorance et de quelque iniquité, ce qu’ils offriraient à Dieu proviendrait de la même souillure ; et ils ne pourraient offrir le sacrifice sans offenser notre souverain Créateur, et cet acte de leur part ressemblerait bien plus à une insulte qu’à une action de grâces. D’ailleurs, comment le pain qui est offert en actions de grâces dans le sacrifice serait-il pour eux le corps de notre Seigneur ainsi que son sang, puisqu’ils ne le reconnaissent pas pour le fils de Dieu, c’est-à-dire pour son Verbe, par qui tout est fécondé dans la nature, qui fait croître les plantes, qui fait jaillir les fontaines, qui fait germer le blé et fait mûrir la moisson ?

Ne prétendent-ils pas encore que l’âme est incapable de résurrection, et que le corps et le sang, en s’unissant à elle, la privent de la vie éternelle ? Qu’ils changent donc de pensées, ou qu’ils s’abstiennent entièrement d’offrir le sacrifice. Quant à nous, notre foi est conforme à la nature de l’Eucharistie, et l’Eucharistie elle-même est conforme à notre foi. Nous reconnaissons, en faisant notre oblation, que les dons