Aller au contenu

Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 3.djvu/474

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui arriva à Thamar, belle-fille de Juda. Elle accoucha de deux jumeaux : l’un des deux ayant présenté la main, la sage-femme y mit un ruban d’écarlate pour reconnaître celui qui sortirait le premier. Mais cet enfant ayant retiré sa main, l’autre vint au monde, il s’appela Phares ; et son frère, qui avait le ruban d’écarlate au bras, vint après, et s’appela Zara. L’Écriture nous enseigne par cet événement, que le peuple qui a le premier eu la foi dont le signe était la circoncision, a perdu ensuite cette foi dont les prophètes furent les interprètes ; et il s’est ainsi laissé devancer dans la carrière de la foi par son frère, par le peuple des gentils, marqué d’un signe d’écarlate par la passion du juste ; cette passion dont Abel fut la figure dès les premiers temps du monde, que les prophètes ont annoncée, et qui s’est réalisée enfin dans la personne du fils de Dieu.

Il fallait que certaines choses fussent prédites par les patriarches, que d’autres fussent annoncées en figure par les prophètes, et que plusieurs fussent opérées sur des justes figurant à l’avance les actions et les circonstances de la vie du Christ. Mais tout cela se rapporte toujours à la manifestation d’un seul et même Dieu. C’est ainsi qu’Abraham, dans son individualité, a figuré les deux testaments, selon lesquels les uns ont ensemencé le champ, et les autres l’ont moissonné ; car, comme dit l’évangéliste, il est vrai que l’un sème et l’autre moissonne. » Mais c’est toujours Dieu qui fournit à chacun ce qui est nécessaire : à celui qui sème, il fournit la semence ; et il fournit le pain, qui devient sa nourriture, à celui qui moissonne. Autre est celui qui plante, autre celui qui arrose ; mais il n’y en a qu’un seul qui fait tout croître et grandir, c’est Dieu. Les patriarches et les prophètes ont semé la divine parole du Christ ; mais c’est l’Église qui en a recueilli la moisson et à qui la récolte a profité. Aussi les premiers ont-ils prié le Très-Haut de leur faire obtenir un lieu de repos au sein de cette Église-mère ; ce qui fait dire à Jérémie : « Qui me donnera dans le désert une cabane de voyageur ? » Ainsi, ceux qui auront semé et ceux qui auront moissonné jouiront ensemble du bonheur éternel dans le