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nécessaire à leurs besoins, et ne le procurent-t-ils pas à ceux qui manquent de quelque chose ? Les Égyptiens ne devaient-ils pas aux Hébreux, comme représentant le patriarche Joseph, non-seulement la conservation de leur vie, mais encore de tous les biens de l’Égypte, sauvés par les soins de Joseph ? Or, les gentils ne sont-ils pas, sous le même rapport, nos débiteurs, eux dont nous sont venues les choses qui servent à nos besoins ? C’est que nous qui travaillons à la propagation de la foi, nous nous servons des choses qu’ils nous ont prêtées.

Le peuple israélite avait à supporter de la part des Égyptiens la plus dure des servitudes, ainsi que le dit l’Écriture : « Les Égyptiens haïssaient les enfants d’Israël, et les affligeaient, et se jouaient d’eux, et remplissaient leur vie d’amertume, les condamnant à des ouvrages de mortier et de brique, et aux travaux de la terre, et à toute espèce de servitudes. » Les Hébreux bâtirent ainsi pour les Égyptiens des villes fortifiées, augmentèrent par leurs travaux la masse de leurs richesses, tandis que les Égyptiens ne les en ont récompensés que par la plus affreuse servitude et en cherchant à les perdre et à les faire périr. Comment donc peut-on leur faire un reproche d’avoir gardé une faible partie de tout ce qui leur était dû, lorsqu’ils auraient pu, en n’étant pas à leur solde, acquérir de grandes richesses, au lieu de s’en aller pauvres ? Qu’un particulier, par exemple, ait été réduit par la force à en servir un autre, et que, pendant un grand nombre d’années, il ait travaillé pour son oppresseur en augmentant ses richesses ; lui fera-t-on un reproche, si, ayant enfin obtenu un peu d’adoucissement à son sort, il croit pouvoir s’attribuer une très-minime partie de tous les biens qui ont été acquis à son oppresseur par son propre travail et à la sueur de son front, et dira-t-on qu’il a mal agi ? Celui qui le jugerait ainsi paraîtrait plus injuste que celui qui l’avait réduit en servitude. Voilà comment jugent ceux qui font un reproche aux Hébreux d’avoir retenu une petite part des richesses qu’ils avaient acquises à leurs oppresseurs, à ce peuple qui ne s’est pas souvenu de tout ce qu’il devait à l’un des ancêtres des Israé-