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Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 3.djvu/493

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lites. Mais ceux qui reprochent aux Hébreux de s’être attribués le peu d’or et d’argent qui se trouvait employé dans les vases qu’ils emportaient dans leur fuite, ne sont pas fort scrupuleux eux-mêmes ; ils se vantent même en disant qu’ils font bien (car nous dirons la vérité, quoique quelques-uns s’en moquent), de prendre et de porter dans leurs ceintures l’or et l’argent monnayé de l’état, et qui est frappé à l’image du prince.

Si la comparaison que nous venons de faire est juste, je demande qui des Hébreux ou de nous vous semblera avoir eu le droit de retenir quelque chose du bien d’autrui ? Sera-ce les Hébreux, à l’égard des Égyptiens, lorsque ceux-ci étaient leurs débiteurs, sous tous les rapports ? Sera-ce nous, vis-à-vis des Romains et de tous les peuples gentils, qui n’ont point à notre égard contracté une dette semblable ? Il y a plus, les Romains ont donné la paix au monde, et nous voyageons en sûreté, soit sur la terre soit sur l’eau, partout où il nous plaît. Ceux donc qui élèvent de pareilles difficultés méritent bien qu’on leur applique cette parole de notre Seigneur : « Hypocrite, ôtez premièrement la poutre de votre œil, et alors vous chercherez à ôter la paille de l’œil de votre frère. » Je conviens cependant que si ceux qui nous tiennent ces discours, et qui se glorifient de leur savoir, étaient des hommes ayant rompu toute communication avec les infidèles, n’ayant rien à eux, n’ayant pas de quoi se vêtir, marchant nus pieds, étant sans asile, et errant par les montagnes, comme les animaux qui paissent l’herbe, nous n’oserions les blâmer, puisqu’ils seraient en proie aux besoins temporels dont nous sommes assiégés. Mais si au contraire tous ceux qui s’élèvent contre nous à ce sujet sont des hommes qui vivent du bien d’autrui, et qui font ce qu’ils blâment chez les autres, leur conduite dès lors est extrêmement injuste, et leur argument se rétorque contre eux-mêmes. Ils font connaître ainsi qu’ils convoitent le bien d’autrui, par toutes sortes de moyens ; et on peut leur appliquer la parole de notre Seigneur, lorsqu’il dit : « Ne jugez point, afin que vous ne soyez point jugés ; car vous serez jugés selon que vous aurez jugé. » Ce n’est pas qu’en accomplissant ce pré-