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Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 3.djvu/551

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SAINT IRÉNÉE.

se faisant homme. Quel autre aurait pu nous faire connaître les mystères du Père, si ce n’était son propre Verbe ; car, comme dit l’apôtre, « qui a connu les desseins de Dieu, ou qui est entré dans le secret de ses conseils ? » Et nous ne pouvions apprendre ces choses qu’en voyant nous-mêmes celui qui nous les enseignait, et en écoutant sa voix. C’est ainsi que nous pouvions devenir les imitateurs de ses actions et mettre en pratique ses leçons, et entrer par ce moyen en communication spirituelle avec lui, recevant le don de perfection de celui qui est la perfection même et la substance des substances. Celui qui est le seul parfait, le seul bon, qui possède seul le don de l’incorruptibilité nous a faits à son image, pour nous marquer du sceau de la prédestination par laquelle nous appartenons à sa prescience même avant d’être ; nous sommes ainsi devenus le premier anneau de la chaîne de perfection spirituelle, avec le secours du Christ, qui est lui-même la source de toute perfection, et qui nous donne sa sagesse au temps marqué, car le Verbe, unissant sa puissance divine à son humanité, nous a rachetés par son sang, en se livrant lui-même pour payer notre rançon et nous tirer de l’état de captivité où nous étions. Nous étions sous l’empire injuste du malin esprit ; mais comme, d’après notre nature, nous étions sous la dépendance du Tout-Puissant, il a fallu qu’il nous répudiât d’abord pour nous racheter ensuite, et pour faire de nous ses serviteurs. Le Verbe de Dieu est puissant en toutes choses, sa justice ne lui fait jamais défaut ; et c’est elle qui l’a armé de courroux contre l’esprit rebelle, et l’a porté à racheter de lui la créature qui lui appartenait ; mais, à la différence de la domination violente que l’esprit rebelle exerçait sur nous, après s’être emparé de nous par la ruse, il nous a rachetés sans violence ; il n’a employé que la persuasion, comme il convient à un Dieu, et nous a imposé son joug avec douceur ; car il ne voulait pas briser ce qui était resté de bon en nous, et il voulait conserver la créature telle qu’elle était sortie autrefois de la main de Dieu.

Ainsi, voilà toute la vérité : notre Seigneur nous a rachetés par son sang, en donnant sa vie pour notre vie et son corps