Aller au contenu

Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 3.djvu/552

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
496
SAINT IRÉNÉE.

pour nos corps ; il a établi, par l’effusion de l’esprit du Père, une communion entre Dieu et l’homme ; il a fait monter l’homme vers Dieu par l’esprit, et il a abaissé Dieu jusqu’à l’homme par son incarnation ; enfin, en se communiquant à nous par son avènement sur la terre, il nous a donné en vérité et en réalité le don d’être immortels et incorruptibles. Ainsi, en présence de ces vérités, s’évanouissent toutes les vaines doctrines des hérétiques.

C’est donc une chimère de soutenir que le Christ n’est pas venu en réalité sur la terre ; car tous les actes qu’il a faits, loin d’avoir été de simples apparences, ont eu, au contraire, un caractère de réalité substantielle. Si, n’étant pas homme, il avait les apparences d’un homme, dirait-on cependant qu’il n’a pas été vu comme il est dans la réalité, c’est-à-dire comme l’esprit de Dieu, puisque l’esprit est invisible ? dès lors il n’y avait donc en lui aucune réalité, car ce qu’il paraissait être n’était en aucune manière ce qu’il était. Cependant nous avons prouvé par l’Écriture, qu’Abraham et les autres prophètes, qui ont prédit sa venue, l’avaient vu tel qu’il devait être quand il viendrait sur la terre, par une vision prophétique. Si donc celui que nous croyons être venu parmi les hommes n’avait été qu’une simple apparence et non point un Dieu réel, ce serait une pure illusion de la part de ceux qui ont cru le voir, et il faudrait que nous espérassions son avènement pour un autre temps où il se montrera en réalité, et tel que l’ont vu les prophètes. Or, nous avons démontré que dire qu’il n’a été vu qu’en apparence, et dire qu’il n’a rien pris de la chair de Marie, c’est dire une seule et même chose ; car, s’il en était autrement, il n’aurait eu ni le sang ni la chair dont il s’est servi pour opérer notre rédemption, qui ne pouvait avoir lieu que parce qu’il reproduisait en lui la forme primitive donnée à Adam, lors de sa création. Ainsi toutes les difficultés que les valentiniens veulent élever à ce sujet, dans l’espérance de nous faire renoncer à notre salut et d’en déshériter l’image de Dieu, est tout à fait sans fondement.

Nous en dirons de même des ébionites, qui ne veulent pas