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SAINT IRÉNÉE.

faire entrer dans leur esprit, par la foi, l’union de Dieu et de l’homme dans le mystère de l’incarnation, mais qui ne veulent y voir que l’ancien ferment de la génération purement humaine. Pourquoi ne veulent-ils pas comprendre que la vertu du Très-Haut descendit sur Marie par l’opération du Saint-Esprit ? C’est pourquoi ce qui fut engendré fut saint, et le fils du Très-Haut, dans le mystère de son incarnation, apparut comme une procréation nouvelle ; car de même que, par les conséquences de la génération ordinaire, nous héritons de la mort, de même, par cette génération nouvelle, nous devenons héritiers de la vie. Ils repoussent donc l’idée d’une génération céleste, n’admettant que l’acte de la génération ordinaire, et excluant toute opération divine ; ils persévèrent ainsi dans la damnation d’Adam, qui a été vaincu par le péché et chassé du paradis terrestre ; ils ne comprennent pas non plus que de même que, dès l’origine de la création de l’homme, le souffle de Dieu, en se communiquant à son œuvre, a animé l’homme et en a fait un animal raisonnable, ainsi le verbe du Père et l’esprit de Dieu, en s’incorporant à la forme humaine, telle qu’elle fut créée dans la personne d’Adam, a donné à l’homme une nouvelle vie et une nouvelle perfection, qui est un reflet de la perfection de Dieu ; et comme nous avons reçu la mort dans l’homme matériel, ainsi nous recevrons la vie dans l’homme spirituel. Vous n’avez pas oublié sans doute que, lors de la création de l’homme, Dieu parlant à ses mains, c’est-à-dire au Verbe et à l’Esprit, leur dit : « Faisons l’homme à notre « image et à notre ressemblance ; » de même, dans le mystère de l’incarnation, rien ne s’est fait, ni par la volonté de la chair, ni par la volonté de l’homme ; mais c’est le Père qui, avec la coopération de ses mains, a formé l’homme vivant et parfait, afin qu’Adam redevînt semblable à l’image et à la ressemblance de Dieu.