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Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 3.djvu/560

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SAINT IRÉNÉE.

Dieu a la puissance de donner la vie à son ouvrage, et que d’ailleurs la chair est capable de recevoir la vie, qui empêcherait cette même chair d’être capable de recevoir de Dieu le don de l’incorruptibilité et d’une vie sans fin ?


CHAPITRE IV.


Erreur de ceux qui, en admettant un autre Dieu créateur du monde, en font une divinité impuissante et inutile, ou méchante et jalouse, si on admet que ce Dieu ne veut ou qu’il ne peut donner à nos corps la vie éternelle.


Ceux qui admettent un Dieu le père, autre que Demiurgos, se mentent à eux-mêmes, quand ils donnent à leur Dieu le titre de bon ; car, comme ils soutiennent qu’il ne peut donner à nos corps la vie éternelle, il résulte de cette proposition même que c’est un Dieu impuissant, inutile, négligeant, et nous pourrions ajouter, envieux et jaloux. Car, ils reconnaissent bien, avec tout le monde, que l’esprit et l’âme sont de leur nature immortels, parce que Dieu les a créés d’abord ainsi ; mais que le corps ne peut jouir de ce privilége, à moins d’un secours et d’une action particulière de Dieu sur lui. Or, les conséquences de ceci, c’est que si leur Dieu ne donne pas au corps l’immortalité, c’est ou impuissance de sa part, ou jalousie et envie envers sa propre créature. Quant à notre Dieu à nous, il rend la vie aux corps qui étaient morts, il les ressuscite, ainsi qu’il l’a promis par la bouche de ses prophètes, comme nous en avons fourni les preuves plus haut. Quel est donc celui des deux, du nôtre ou du leur, qui se montre le plus puissant, le plus fort et en même temps le meilleur ? Est-ce le nôtre qui immortalise l’homme tout entier, dans son âme et dans son corps ; ou bien sera-ce le leur ? Que fait celui-ci ? il a l’air de donner l’immortalité à des substances qui en sont naturellement douées ; mais quant au corps qui ne peut être immortel que par un secours particulier de Dieu, il ne lui vient point en aide, et il le laisse