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Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 3.djvu/561

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SAINT IRÉNÉE.

périr misérablement. Pourquoi donc, s’il peut lui donner la vie éternelle, ne le fait-il pas ? Mais peut être ne le peut-il pas : et bien, s’il ne le peut pas, il n’est pas tout-puissant, il n’est point parfait comme notre Dieu ; car notre Dieu donne l’immortalité, comme nous le prouvons, tandis que le leur ne le peut pas. Admettons cependant que ce ne soit pas de sa part impuissance ; mais alors c’est qu’il manque de bonté, ou bien qu’il est méchant et jaloux.

Peut-être voudront-ils prétendre que si, à la vérité, leur Dieu ne donne pas l’immortalité aux corps matériels, c’est que quelque cause secrète s’y oppose : ils reconnaissent donc alors que cette cause secrète est plus forte que leur Dieu, puisqu’il fléchit devant elle ; mais alors sa puissance disparaît en présence d’une puissance supérieure. C’est une vérité évidente pour tout le monde, que les corps sont aptes à recevoir la vie : ils vivent autant de temps que Dieu veut qu’ils vivent ; et s’ils meurent, on ne peut pas en conclure qu’ils ne pourraient pas encore recevoir le don de la vie. Ainsi, dès qu’ils sont toujours aptes à recevoir la vie, si l’on dit qu’une nécessité ou qu’une autre cause s’oppose à ce qu’ils soient de nouveau vivifiés, il faudra en conclure que ce Dieu de nos adversaires est subordonné à cette nécessité ou à cette cause ; que dès lors il n’est pas libre ni maître de sa puissance.


CHAPITRE V.


La longue vie des premiers patriarches, l’enlèvement d’Élie et Énoch dans le ciel avec leur corps mortel, l’exemple de Jonas, d’Ananias, d’Azarias et de Misaël, miraculeusement préservés de la mort, tout prouve évidemment que Dieu a la puissance de donner à nos corps une immortelle durée.


Dieu a le pouvoir de donner aux corps toute la durée qu’il lui plait ; si l’on en doute, qu’on lise les Écritures, où l’on verra que nos premiers aïeux ont vécu sur la terre sept cents, huit cents, neuf cents ans et au delà : leurs corps ont donc pu,