périr misérablement. Pourquoi donc, s’il peut lui donner la vie éternelle, ne le fait-il pas ? Mais peut être ne le peut-il pas : et bien, s’il ne le peut pas, il n’est pas tout-puissant, il n’est point parfait comme notre Dieu ; car notre Dieu donne l’immortalité, comme nous le prouvons, tandis que le leur ne le peut pas. Admettons cependant que ce ne soit pas de sa part impuissance ; mais alors c’est qu’il manque de bonté, ou bien qu’il est méchant et jaloux.
Peut-être voudront-ils prétendre que si, à la vérité, leur Dieu ne donne pas l’immortalité aux corps matériels, c’est que quelque cause secrète s’y oppose : ils reconnaissent donc alors que cette cause secrète est plus forte que leur Dieu, puisqu’il fléchit devant elle ; mais alors sa puissance disparaît en présence d’une puissance supérieure. C’est une vérité évidente pour tout le monde, que les corps sont aptes à recevoir la vie : ils vivent autant de temps que Dieu veut qu’ils vivent ; et s’ils meurent, on ne peut pas en conclure qu’ils ne pourraient pas encore recevoir le don de la vie. Ainsi, dès qu’ils sont toujours aptes à recevoir la vie, si l’on dit qu’une nécessité ou qu’une autre cause s’oppose à ce qu’ils soient de nouveau vivifiés, il faudra en conclure que ce Dieu de nos adversaires est subordonné à cette nécessité ou à cette cause ; que dès lors il n’est pas libre ni maître de sa puissance.
CHAPITRE V.
Dieu a le pouvoir de donner aux corps toute la durée qu’il lui plait ; si l’on en doute, qu’on lise les Écritures, où l’on verra que nos premiers aïeux ont vécu sur la terre sept cents, huit cents, neuf cents ans et au delà : leurs corps ont donc pu,