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Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 3.djvu/562

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SAINT IRÉNÉE.

pendant ce long espace de temps, être participants de la vie, qui n’a cessé ensuite en eux que lorsque Dieu l’a voulu. Qu’avons-nous besoin d’ajouter d’autres preuves ? Rappelons-nous qu’Énoch, s’étant rendu agréable à Dieu, fut enlevé au ciel dans son corps vivant, comme pour montrer que c’était dans ce séjour où les justes seraient transportés après leur mort. Élie pareillement fut enlevé au ciel dans son corps mortel, montrant ainsi aux justes le chemin du ciel ; et leur corps, comme on voit, ne fut point un obstacle à leur enlèvement au ciel. Car ces mêmes mains, dont Dieu s’était servi pour créer l’homme avec le limon de la terre, au commencement du monde, transportaient les hommes partout où Dieu le voulait. On peut dire que les mains de Dieu s’étaient en quelque sorte habituées, dans le travail de la formation d’Adam, à transporter, à changer de lieu le corps de l’homme, selon sa volonté. En effet, où Adam fut-il placé d’abord ? Dans le paradis, où, comme dit l’Écriture, « le Seigneur Dieu avait planté dès le commencement un jardin de délices, du côté de l’orient ; il y avait placé l’homme qu’il avait formé. » La désobéissance d’Adam fut cause que Dieu l’ôta de ce lieu, et le plaça dans ce monde où nous sommes. Aussi les anciens prêtres, parmi nous, qui ont été les disciples des apôtres, assurent-ils que c’est dans ce paradis que les justes qui ont été enlevés au ciel, ont été placés (car il y a un paradis préparé pour les hommes justes et qui ont eu l’esprit de Dieu ; et c’est là que l’apôtre saint Paul fut transporté, et où il entendit des paroles ineffables), et qu’ils doivent y rester jusqu’à la fin de temps, commençant dans ce lieu à jouir de leur immortalité.

Mais à ceux à qui cette longue vie des corps paraîtrait impossible, et qui prétendraient qu’Élie ne fut pas enlevé dans son corps mortel, et que ce corps aurait été consumé dans le char de feu qui le transportait, je leur répondrai par l’exemple de Jonas, dont le corps fut conservé vivant pendant trois jours dans les abîmes de la mer et dans le ventre de la baleine, et reparut sur la terre à l’ordre de Dieu : je leur rappellerai encore l’exemple d’Ananias, d’Azarias et de Mizaël, qui furent