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SAINT IRÉNÉE.

qui l’avaient percé, et l’ouverture faite à son côté par un coup de lance (voilà bien des preuves matérielles que c’était son corps qui était ressuscité d’entre les morts) ; c’est ainsi, et avec notre corps, qu’il nous ressuscitera par sa toute puissance. Voici ce que saint Paul disait encore aux Romains : « Si donc l’esprit de celui qui a ressuscité Jésus habite en nous, celui qui a ressuscité Jésus-Christ, rendra aussi la vie à vos corps mortels. » Or, que veut-il dire par ces corps mortels ? Voudrait-il parler des âmes ? Mais les âmes sont immatérielles, si on les compare aux corps qui sont matériels ; « car Dieu répandit sur son visage un souffle de vie, et l’homme eut une âme vivante. » Or, ce souffle de vie était celui de la vie incorporelle. Ce souffle de vie n’est donc pas quelque chose de mortel ; c’est pourquoi David dit : « Et mon âme vivra, » parce que l’âme est d’une substance immortelle. Mais ce n’est pas à l’esprit que peuvent s’appliquer les mots de corps mortels. Alors, de quoi veulent donc parler les Écritures, en disant que le corps qui est mortel ressuscitera, si ce n’est de cette chair, dont il est ici question, qui sera ressuscitée par la puissance de Dieu ? Car c’est elle qui meurt, qui tombe en dissolution, et non point l’esprit ni l’âme. Qu’est-ce que mourir, si ce n’est perdre la faculté de vivre, devenir sans mouvement et inanimé, et perdre toutes les qualités par lesquelles on avait commencé d’être ? Or, ces accidents restent étrangers à l’âme, car elle est le souffle de vie ; ils n’atteignent pas l’esprit, car il est simple et non composé, il n’est pas susceptible de dissolution, et il est la vie des substances auxquelles il se mêle. Il ne reste donc que la chair sur laquelle la mort puisse exercer sa puissance : lorsque l’âme en est sortie, elle devient inanimée et sans mouvement, elle se dissout ensuite dans le sein de la terre, d’où elle a été tirée. Cette chair est donc mortelle, c’est d’elle que l’apôtre parle, quand il dit : Dieu rendra la vie à vos corps mortels. C’est encore de la résurrection de la chair, qu’il veut parler, quand il dit dans la première épître aux Corinthiens : « Il en est de même de la résurrection des corps. Le corps est semé dans la corruption, et il ressuscitera incorruptible. »