Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 3.djvu/570

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
514
SAINT IRÉNÉE.

du royaume des morts pour leur donner l’immortalité ? Car si le gage de l’immortalité, qui est en nous par l’esprit, nous fait déjà dire, mon père, mon père ! que n’opérera pas en nous la grâce toute entière de l’Esprit saint dont Dieu nous remplira, et qui nous fera semblables à lui, et nous rendra parfaits par la volonté du Père ? Elle fera que l’homme sera à l’image et à la ressemblance de Dieu.

Ceux donc qui ont le gage de l’Esprit saint, qui ne s’abandonnent pas aux déréglements de la chair, mais qui se soumettent eux-mêmes à l’esprit, et se conduisent avec sagesse en toutes choses, ce sont ceux-là que l’apôtre appelle des hommes spirituels, parce que l’esprit de Dieu habite en eux. Ainsi, pour être un homme spirituel, il ne suffirait pas d’être un esprit incorporel ; il faut pour cela être composé à la fois de l’esprit et de la chair. Mais, quant à ceux qui ne veulent pas écouter les inspirations de l’esprit, qui s’abandonnent aux voluptés de la chair et vivent dans le désordre, et se livrent sans frein à leurs passions, l’apôtre les appelle avec raison des hommes charnels ; car ils ne connaissent plus que les choses de la chair, ont rompu toute communication avec l’esprit de Dieu, et vivent à la manière des chiens et des porcs.

Les prophètes assimilent cette espèce d’hommes, et par les mêmes raisons que l’apôtre saint Paul, aux animaux qui sont privés de raison, parce qu’ils mènent une conduite contraire à la raison. « Ils sont devenus, dit Jérémie, comme des chevaux qui courent et qui hennissent après les cavales ; chacun d’eux a poursuivi la femme de son prochain. » Et David dit aussi : « L’homme, dans sa grandeur, s’est fait semblable aux animaux. » L’homme, en effet, ne se ravale-t-il pas jusqu’au rang des animaux, quand il cherche à vivre privé de raison comme eux ? Nous avons donc raison de donner à de pareils hommes les noms de troupeaux et de chevaux privés de toute raison.

Tout cela a été annoncé d’une manière figurative par l’Écriture elle-même, lorsqu’elle fait la description de l’homme, par les qualités qui le séparent des autres animaux. Il y est dit que