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SAINT IRÉNÉE.

les animaux qui ont l’ongle double et qui ruminent, sont des animaux purs ; et ceux qui manquent de ces deux signes, ou qui n’en ont qu’un, sont appelés impurs. Ceci est la figure des hommes purs et des impurs : or, quels sont les purs ? Ceux qui vivent avec une ferme croyance dans le Père et le Fils ; or, les animaux à double ongle, qui ont le pied plus sûr et la marche plus assurée, sont par cela même la figure des hommes purs, fermes dans leur foi ; et, en leur qualité de ruminants, ils figurent la disposition des hommes purs à méditer sans cesse la parole de Dieu, pour s’avancer dans la perfection. Quant aux animaux impurs, c’est-à-dire ceux qui n’ont pas l’ongle double, et qui ne ruminent pas, ils sont la figure de ceux qui n’ont pas la croyance en Dieu, et qui ne méditent pas sa parole sacrée ; telle est l’hérésie des ethniciens. Les animaux qui ruminent, mais qui n’ont pas l’ongle double, sont encore impurs ; ceux-là sont l’image des Juifs, qui ont sans cesse à la bouche les paroles des Écritures, mais qui n’ont pas une ferme croyance dans le Père et dans le Fils ; aussi cette nation est-elle sujette à la luxure. Remarquons, en effet, que les animaux qui ont l’ongle simple tombent facilement en marchant ; mais ceux qui ont l’ongle double ont la marche beaucoup plus ferme, par l’effet du mouvement alternatif des deux ongles, qui sont séparés entre eux, et qui se servent mutuellement d’appui, et suivent les sinuosités de la voie. Cependant ceux qui ne sont pas ruminants, bien qu’ils aient l’ongle double, sont encore rangés parmi les impurs ; ceux-ci sont la figure des hérétiques et de tous ceux qui ne méditent pas la parole de Dieu, et ne font pas des œuvres de justice ; c’est d’eux que notre Seigneur a dit : « Mais pourquoi m’appelez-vous Seigneur, et ne faites-vous pas ce que je dis ? » Ces hommes-là disent bien qu’ils croient au Père et au Fils, mais ils ne méditent pas la parole divine avec les dispositions convenables, et ils ne font pas souvent des œuvres de justice ; au contraire, comme nous l’avons déjà dit, ils vivent à la manière des animaux, s’abandonnant à la débauche, à la gourmandise et à la paresse. Mais leur incrédulité et leur impureté sont cause que l’Esprit saint ne vient point les