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SAINT IRÉNÉE.

Dieu, ils porteront des fruits semblables aux siens ; ils seront des hommes tout spirituels, comme s’ils avaient été plantés, pour ainsi dire, dans le paradis céleste. Si, au contraire, ils rejettent l’esprit de Dieu, s’ils persévèrent dans la mauvaise voie qu’ils suivaient d’abord, préférant ainsi être les hommes de la chair que les hommes de l’esprit ; alors ils méritent avec juste raison l’application de ces mots de l’apôtre, quand il dit que la chair et le sang ne peuvent posséder le royaume de Dieu. C’est comme si l’on disait que l’olivier sauvage ne sera point transplanté dans le jardin du maître. Nous voyons donc que l’apôtre, dans cette comparaison de la chair et du sang, et de l’olivier sauvage, explique admirablement toute notre nature et les desseins de Dieu envers elle. L’olivier abandonné quelque temps dans un lieu désert, recommence à porter des fruits sauvages et suit le penchant de sa mauvaise nature ; tandis que si on lui donne des soins, si on le greffe de nouveau, alors il produira encore de bons fruits. Il en est de même des hommes qui, abandonnés à leur mauvaise nature, ne portent que des fruits sauvages, qui sont l’image des actions déréglées de la chair ; et ils sont justement condamnés comme étant stériles. Tandis que l’homme s’endort dans le péché, l’ennemi vient et sème le mauvais grain dans son âme. Voilà pourquoi le Seigneur recommande tant à ses disciples de veiller sans cesse. Mais ceux qui, jusqu’alors, n’avaient pu porter de bons fruits, et étaient comme étouffés par les ronces et les épines, s’ils viennent à rentrer dans la bonne voie, et reçoivent la parole de Dieu comme une greffe de vertu, ils reprennent le caractère d’hommes spirituels, celui par lequel nous devenons faits à l’image et à la ressemblance de Dieu.

L’olivier sauvage, quoique greffé, ne perd pas pour cela ni sa tige ni le bois qui est sa forme constitutive, ce n’est que la qualité de son fruit qui change ; cependant dès lors il change aussi de nom, il perd celui d’olivier sauvage, et s’appelle un bon olivier. Il en est ainsi de l’homme qui reçoit l’esprit de Dieu par la greffe de la foi ; la chair de son corps n’en reste pas moins la même qu’elle était, mais cet homme, pro-