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SAINT IRÉNÉE.

pire sur la terre ; mais l’esprit est particulièrement le partage de ceux qui s’élèvent au-dessus des passions humaines. Aussi Isaïe, comme pour donner beaucoup plus de clarté à ce qu’il avait d’abord dit, ajoute un peu plus loin : « Un souffle de l’esprit sortira de moi et je ranimerai les morts. » Or, cet esprit est précisément celui qui sort de Dieu et qu’il a répandu sur le genre humain, depuis la venue du Christ sur la terre, par l’adoption de ceux qui le servent ; tandis que le souffle est cet élément de vitalité qui est départie à toute créature vivante. Il faut donc distinguer la créature qui est créée de celui qui la crée : le souffle qui est une chose créée n’existe que pour un temps, l’esprit existe éternellement. Le souffle de vie prend d’abord un certain accroissement, il persiste quelque temps dans cet état ; ensuite il s’exhale, laissant sans vie le corps qu’il animait auparavant. Mais l’esprit anime sans cesse et l’homme intérieur et l’homme extérieur, sans jamais l’abandonner. « Ce n’est pas le corps spirituel, dit saint Paul, qui a été formé le premier, c’est le corps animal, et ensuite le spirituel, » selon la progression naturelle ; car il fallait que l’homme matériel fût créé d’abord, afin que le corps reçût l’âme en lui, et qu’ensuite l’âme elle-même reçût l’esprit qui lui serait donné. « C’est pourquoi Adam, le premier homme, a été créé avec une âme vivante ; et le second Adam a été rempli d’un esprit vivifiant. » Ainsi, l’homme à qui une âme vivante avait été donnée, meurt spirituellement, s’il tombe dans le péché ; mais s’il revient à une meilleure conduite, l’esprit qui vivifie vient à lui, et il recouvre cette vie spirituelle.

C’est donc le même être qui meurt et qui est ensuite rendu à la vie, comme c’est la même chose que l’on retrouve, après l’avoir perdue. Or, qu’est-ce qui meurt en nous ? c’est la substance de la chair, qui perd le souffle de vie et qui cesse ainsi de respirer. C’est cette partie de nous-mêmes à laquelle Dieu rendra la vie : de même que nous mourrons en Adam, comme hommes corporels ; ainsi, nous revivrons en Jésus-Christ, comme hommes spirituels, conservant la chair et ne renonçant qu’à ses misères et à ses con-