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Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 3.djvu/582

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SAINT IRÉNÉE.

cupiscences, nous mettant en possession de l’Esprit saint. C’est pour cela que l’apôtre nous dit : « Faites donc mourir les membres de l’homme terrestre qui est en vous. » Or, qu’est-ce que c’est que cet homme terrestre ? Il vous le dit : « La fornication, l’impureté, les passions déshonnêtes, les mauvais désirs, et l’avarice, qui est une idolâtrie. » Voilà ce que l’apôtre nous invite à quitter ; il nous engage à nous séparer de ceux qui se livrent à ces choses ; car ils ne sont plus que de la chair et du sang, et ne pourront posséder le royaume de Dieu. Leur âme, en s’abandonnant au mal, s’est abaissée jusqu’aux passions terrestres, et ne mérite plus pour cela de porter d’autre nom que celui de chair terrestre. Un peu plus loin, dans cette même épître, saint Paul nous invite encore à renoncer à toutes les choses de la terre, quand il dit : « Dépouillez-vous du vieil homme et de ses œuvres. » Et en parlant ainsi, il ne faisait pas abstraction du corps ; car comment subsisterions-nous sans lui, puisqu’il est une nécessité de notre mode d’exister ?

Mais il y a plus, et l’apôtre, qui lui-même aussi était né de la femme, ne disait-il pas : « Que les fruits de l’esprit sont le salut de la chair ? » C’est ce qu’il confesse dans l’épître aux Galates, lorsqu’il parle des bonnes œuvres qui sanctifient l’homme. En effet, quel est le but visible des actes de l’esprit, qui est lui-même invisible, si ce n’est de parvenir à rendre la chair capable de devenir incorruptible ? Et quand il disait, s’il m’est plus avantageux de vivre dans la chair, certainement il indique que ce n’était pas en haine de la chair qu’il prêchait le dépouillement du vieil homme et de ses œuvres ; mais il voulait nous faire quitter cette vie d’habitude dans le péché, qui nous conduit à la corruption et à la mort. Aussi, s’en explique-t-il bien clairement dans un autre endroit, lorsqu’il dit : « Revêtez-vous de l’homme nouveau, qui, par la connaissance de la vérité, se renouvelle selon l’image de celui qui l’a créé. » Par ces mots, qui, par la connaissance de la vérité, se renouvelle, il marquait que lui-même, qui autrefois avait été un homme d’ignorance, c’est-à-dire ne connaissant