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Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 3.djvu/591

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SAINT IRÉNÉE.

irrépréhensibles devant lui. » Remarquons bien ces paroles : vous a réconciliés par la mort qu’il a soufferte dans sa chair ; elles expriment qu’une chair pleine de justice a justifié la chair qui était souillée par le péché, et l’a remise dans les bonnes grâces de Dieu.

Que si l’on disait qu’il y a cette différence entre le corps du Christ et notre corps, que le Christ n’a point péché, qu’il ne s’est trouvé aucune mauvaise pensée dans son âme, tandis que nous, nous sommes tous pécheurs ; nous approuvons cette observation, et elle nous semble juste. Mais si l’on voulait inférer de là que la chair du Christ a été d’une nature différente que notre chair, ce serait alors nier la rédemption ou la réconciliation de Dieu avec l’homme ; car ce qui est susceptible de réconciliation est ce qui auparavant se trouvait en inimitié. Mais si notre Seigneur a revêtu une chair d’une autre nature que la nôtre, ce n’est donc plus en faveur de notre chair, qui avait mérité l’animadversion de Dieu, que se serait opérée la réconciliation. Cependant il résulte de l’autorité des Écritures que c’est bien à notre chair que le Sauveur a daigné s’unir pour nous réconcilier avec son Père par les souffrances de son corps et par l’effusion de son sang ; et comme le dit saint Paul aux Éphésiens : « En son Fils nous trouvons la rédemption par son sang, et la rémission de nos péchés. » Et un peu plus loin il dit encore : « Mais maintenant que vous êtes en Jésus-Christ, vous qui étiez autrefois éloignés, vous êtes devenus proches par le sang de Jésus-Christ ; » et encore : « C’est lui qui, en détruisant dans sa propre chair le mur de séparation, c’est-à-dire leurs inimitiés, a par ses ordonnances, aboli la loi des préceptes ; » et, dans tout le reste de cette épître, l’apôtre proclame toujours hautement que nous avons été sauvés par le mérite de la chair et du sang de Jésus-Christ.

Si donc le sang et la chair du Christ nous donnent la vie du salut, il est dès lors évident que saint Paul, en disant que le sang et la chair ne pouvaient posséder le royaume des cieux, n’a pas entendu proprement parler, soit du sang, soit de la chair en eux-mêmes, mais plutôt des actions charnelles, qui