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SAINT IRÉNÉE.

homme, quand il était encore dans le ventre de sa mère. Or, tout ceci avait lieu afin que les œuvres de Dieu fussent manifestées en lui, et pour témoigner qu’il n’y avait pas d’autre Dieu, créateur de l’homme, que Dieu le père du Christ ; que c’est le même Dieu qui a créé l’homme au commencement du monde. Celui qui nous a créés dans le sein de notre mère, est le même Dieu qui est venu dans un autre temps sur la terre pour nous sauver, pour nous ramener à lui, et qui, chargeant sur ses épaules la brebis égarée, l’a reconduite avec joie dans le bercail du salut.

C’est le verbe de Dieu qui nous donne la vie dans le sein de notre mère ; voici comment Jérémie s’exprime à ce sujet : « Avant de t’avoir formé dans les entrailles de ta mère, je t’ai connu ; avant que tu fusses sorti de son sein je t’ai sanctifié, je t’ai établi prophète pour les nations. » Saint Paul dit aussi, en parlant de lui-même : « Mais lorsqu’il eut plu à Dieu, qui m’a choisi dès le sein de ma mère et qui m’a appelé par sa grâce, de me faire connaître son Fils, afin que je l’évangélisasse parmi les nations. » Puis donc que c’est le Verbe qui nous donne la vie dans le sein de notre mère, c’est pareillement le Verbe qui rendit la vue à cet aveugle de naissance, dont nous parlions tout à l’heure. Ainsi, il faisait voir que ce Verbe, qui nous donne la vie dans le travail secret de la création, était le même Verbe qui était venu habiter parmi les hommes et se manifester à eux ; il montrait aussi, par cette action, de quelle manière s’était faite la création d’Adam, et comment la main de Dieu avait opéré dans cette œuvre. Car le Christ, qui avait le pouvoir de rendre la vue, est celui qui crée tout le genre humain, exécutant ainsi les volontés de Dieu le père. La postérité d’Adam, souillée de la tache du péché originel, avait besoin d’être purifiée dans la piscine de la régénération ; c’était pour figurer cette purification du baptême, que notre Seigneur, après avoir frotté avec de la boue les yeux de l’aveugle, lui dit : « Va-t-en, et te lave dans la piscine de Siloé ; » lui donnant ainsi, et en même temps, la vie du corps et la régénération de l’âme. Aussi lui, après s’être lavé dans la piscine,