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SAINT IRÉNÉE.

revient-il vers le Christ, parce qu’il voulait voir son créateur, pour nous apprendre que c’était bien le Christ qui était l’auteur de la vie de cet homme, ainsi que de sa guérison.

Ils sont donc dans l’erreur ceux qui disent, d’après Valentin, que ce n’est pas avec le limon de cette terre que nous habitons que l’homme aurait été formé, mais avec une matière fluide et liquide. La raison nous dit assez que l’homme a dû être formé avec ce même limon dont se servit le Christ pour former des yeux à l’aveugle de naissance : car il eût été contradictoire de former le corps de l’homme avec une matière, et ses yeux avec une autre ; de même qu’il serait contradictoire de supposer qu’un Dieu aurait créé le corps de l’homme, et qu’un autre Dieu aurait créé ses yeux. Mais celui qui a créé le premier homme, dès le commencement, n’est autre que le Verbe, auquel Dieu le père s’adressait, quand il dit : « Faisons l’homme à notre image et à notre ressemblance ; » et c’est ce même Verbe, qui, lors de sa venue sur la terre, où il s’est manifesté au monde, a créé des yeux à cet homme qui était aveugle de naissance. L’Écriture nous montre une figure de cet avénement du Verbe, lorsqu’elle dit « qu’Adam, ayant honte de sa faute, s’était caché, et que le Seigneur, étant venu sur la fin du jour, l’appela en lui disant : Adam, où es-tu ? » Ceci était la figure de l’avénement futur du Christ, qui devait venir sur le soir, c’est-à-dire vers la fin des temps, pour rappeler l’homme à lui, lui donner le moyen d’effacer le péché originel qui avait tenu jusque-là l’homme éloigné de Dieu. Car, de même que le Seigneur vint sur le soir rechercher Adam et l’appeler ; de même le verbe de Dieu est venu sur la fin des temps visiter sa postérité et lui faire entendre sa voix.