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SAINT IRÉNÉE.

par cette ressemblance de l’homme avec le Verbe, l’homme devienne plus cher à Dieu le père.

Et, en effet, sous l’ancienne loi on croyait, d’après l’Écriture, que l’homme avait été fait à l’image de Dieu, mais on n’en avait pas la preuve matérielle. Car le Verbe, à l’image duquel l’homme avait été fait, était encore resté invisible. Voilà pourquoi l’homme, tout en continuant d’être l’image de Dieu, avait cessé d’être sa ressemblance. Mais le Verbe, en se faisant homme, a assuré à la fois sa double conformité d’image et de ressemblance avec Dieu : il a montré en lui cette véritable image de Dieu, en se faisant homme et à cette même image ; mais il a de plus rendu à l’homme sa ressemblance avec Dieu, en montrant cette ressemblance avec le Père invisible dans le Verbe devenu visible.

Cette ressemblance a encore été manifestée par la passion du Christ. Car, effaçant pour jamais jusqu’à la trace de cette désobéissance qui avait eu lieu à l’occasion de l’arbre de la science du bien et du mal, il s’est rendu obéissant jusqu’à la mort, et jusqu’à la mort de la croix ; ainsi l’obéissance sur le bois de la croix a lavé la souillure de la désobéissance commise sur le bois de l’arbre de la science : or, il fallait que le Christ eût annoncé ce Dieu de la Genèse puisqu’il venait effacer nos péchés et nos torts envers lui. Ainsi, le crime de la désobéissance a été racheté par le mérite de l’obéissance ; les outrages soufferts par le Christ, dans sa passion, ont effacé l’outrage du péché originel envers Dieu ; la révolte dont nous nous étions rendus coupables, dans la personne du premier Adam, nous a été pardonnée par l’obéissance d’un second Adam, qui nous a réconciliés avec Dieu. De qui, en effet, étions-nous restés débiteurs par la faute de notre premier père, si ce n’est de Dieu même que nous avions offensé ?