Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 3.djvu/599

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
543
SAINT IRÉNÉE.


CHAPITRE XVII.


Il n’y a qu’un seul Seigneur et qu’un seul Dieu, père et créateur de toutes choses, qui nous a aimés dans la personne de son Christ, qui nous a donné sa loi et nous a remis nos péchés, dont le Christ a prouvé qu’il était le Verbe et le Fils, en nous faisant trouver grâce devant son Père.


Dieu est, selon son amour, notre père ; selon sa puissance, notre Seigneur ; selon sa sagesse, notre créateur ; et nous avions encouru son animadversion par la transgression de sa loi. Mais lorsque les temps ont été accomplis, le Christ, par le mérite de son incarnation, nous a rétablis dans sa bienveillance, se faisant le médiateur entre Dieu et l’homme ; il nous a rendu propice Dieu le père, que nous avions offensé, rachetant notre désobéissance par son obéissance, et nous rendant capables d’amour et de soumission envers celui qui est notre créateur. C’est pour cela qu’il nous a enseigné à répéter chaque jour, dans notre prière, ces mots : Et remettez-nous nos dettes ; en effet, il était notre père, et nous étions ses débiteurs, comme transgresseurs de sa loi. Était-ce donc là un Dieu inconnu, et qui n’a point révélé sa loi ? ou bien, ce Dieu, dont nous étions les débiteurs, par nos offenses, ne serait-il pas celui que les Écritures annoncent et proclament ? La loi a été donnée à l’homme par le Verbe, qui est la parole : « Adam, dit l’Écriture, entendit la voix du Seigneur Dieu. » Ainsi, c’est avec raison que le verbe de Dieu a dit à l’homme : vos péchés vous sont remis. Celui qui avait été offensé dans le commencement de la création de l’homme, accorde enfin le pardon quand la fin des temps est proche. Mais si c’était un autre Dieu, dont nous eussions transgressé la loi, ce serait donc cet autre Dieu qui aurait dit : Vos péchés vous sont remis. Or, cet autre ne l’a pas dit : il n’est donc ni sincère, ni bon, ni juste. Comment serait-il bon, ne donnant rien ; ou bien comment serait-il juste, prenant ce qui ne lui appar-