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SAINT IRÉNÉE.

et à qui l’ange apporta des paroles de salut. Car, de même qu’Ève se laissa séduire par les paroles de l’ange tentateur, désobéit à Dieu et chercha à fuir sa présence, de même la vierge Marie, cédant aux paroles de l’ange Gabriel, obéissant aux ordres de Dieu, consentit à porter le Christ dans son sein ; la première, désobéissant aux ordres de Dieu, la seconde s’y soumettant ; afin que, par cette soumission, la vierge Marie devînt la patronne de la vierge Ève. Et de même que le genre humain avait perdu sa liberté par la faute d’une vierge, ainsi la recouvre-t-il par l’obéissance d’une autre vierge. On pourrait encore trouver un rapprochement entre le premier péché commis qui est effacé par le premier-né de la Vierge, entre la ruse du serpent qui est vaincue par la simplicité d’une colombe, entre la mort du péché qui nous tenait captifs et la mort du Christ qui nous a rendus libres.

Les hérétiques, en général, ignorent toutes ces choses ; car ils ne veulent pas voir les desseins de Dieu, et ses vues miséricordieuses à l’égard de l’homme ; ils passent auprès de la vérité en fermant les yeux et sans la voir, et ils s’opposent ainsi eux-mêmes à l’accomplissement de leur propre salut. Les uns imaginent un Dieu le père autre que celui que nous adorons ; d’autres veulent que le monde et ses éléments aient été créés par certains anges ; à entendre ceux-ci, la substance du monde se trouvant séparée, par des espaces infinis, de l’action de la puissance de celui qu’ils appellent Dieu, se serait créée d’elle-même et aurait acquis par sa propre force son développement ; ceux-là prétendent que les substances élémentaires de toutes les choses créées qui sont sous la puissance du Père, auraient été le produit d’une souillure et de quelque anomalie. Il en est qui ne veulent pas reconnaître l’avénement si manifeste du Christ dans son humanité, qui nient son incarnation ; d’autres, ne voulant pas reconnaître l’action divine dans l’immaculée conception, veulent que le Christ soit né de Joseph. Quant au salut éternel, il en est qui déshéritent l’âme et le corps, et qui ne l’attribuent qu’à ce qu’ils appellent le sens intérieur ; et ils ne donnent qu’à ce sens intérieur la capacité