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Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 3.djvu/634

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SAINT IRÉNÉE.

le ciel, pour rendre des actions de grâces à leur créateur, qui ont refusé de recevoir la lumière de la vérité, et qui, semblables à des taupes aveugles, sont restées accroupies dans les ténèbres de leur ignorance, le prophète dit avec raison : « Ces nations sont devant lui comme une goutte d’eau dans un vase d’airain, un grain de sable dans une balance ; elles sont pour lui comme le vide et le néant. » Ces peuples sont seulement utiles aux justes en ce qu’ils les éprouvent ; ils leur servent comme la tige sert au froment dont elle facilite l’accroissement, comme la paille sert à l’ouvrier pour allumer le feu qui doit purifier l’or. L’Église aura dans ces derniers temps une terrible épreuve à subir : « Car la tribulation alors sera grande, telle qu’il n’y en a pas eu depuis le commencement du monde jusqu’à présent, et qu’il n’y en aura jamais. » En effet, ce sera là le dernier combat qu’auront à soutenir les justes, et qui donnera l’immortalité aux vainqueurs.

C’est qu’alors aussi la bête ramassera en elle tout ce qu’il y aura dans le monde d’iniquité et de méchanceté, afin que le venin de toute rébellion et de toute apostasie étant rassemblé dans elle soit jeté et dévoré dans la fournaise ardente. Le nombre de son nom sera donc de six cent soixante-six, parce que tel sera le nombre de toutes les souillures dont elle se sera rendue coupable, avec ses anges, dès avant le déluge. Le nombre des années de Noé était aussi de Six cents, lorsque le déluge vint purger la terre de l’iniquité, répandue sur toute sa surface. De même aussi l’idole offerte à l’adoration du peuple par Nabuchodonosor était de soixante-six coudées, soixante en hauteur et six en largeur, nombre qui représentait celui des idolâtries, des massacres de prophètes, des supplices soufferts par les justes dans les temps de l’ancienne loi. Ce fut pour avoir refusé leur adoration à cette statue, qu’Ananias, Azarias et Misaël, furent jetés vivants dans la fournaise, dont ils furent délivrés miraculeusement ; ils furent ainsi la prophétie figurative des traitements réservés aux justes lors du règne de l’antechrist. Car l’histoire de cette statue de Nabuchodonosor est dans tous ses détails la prédiction figurée de l’antechrist,