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les derniers âges du monde, est venu souffrir pour symboliser la passion du dernier né des Æons, pour en révéler le but, et pour révéler lui-même l’objet de sa venue à l’égard des Æons. La jeune fille de douze ans qu’à la prière du chef de la synagogue, son père, le Seigneur vint rendre à la vie serait le symbole d’Achamoth, qui prit une forme dans l’extension du Christ, et retrouva par lui la lumière du jour qu’elle avait perdue ; elle était semblable à un fruit avorté, comme nous l’avons déjà dit, et saint Paul rend ainsi témoignage de sa venue : « Il apparut à mes yeux, comme un fruit éclos avant le terme. » (Épît. aux Corinth.) Le même apôtre aurait parlé de la même manière, dans la même épître, de la visite du Christ et de ses compagnons à Achamoth : « Il faut, dit-il, que la femme se voile la tête, à cause des anges. » Voilà pourquoi, à l’arrivée du Sauveur, Achamoth se voila. Moïse fit évidemment allusion à cette circonstance, lorsqu’il se voila le front. La passion d’Achamoth aurait été semblablement figurée par les souffrances du Sauveur sur la croix, et lorsqu’il s’écria : « Seigneur, Seigneur, pourquoi m’avez-vous abandonné ! » Ce serait une indication claire du dénuement de toute lumière où se trouva Sophia, et de l’obstacle que lui opposa Horos, lorsqu’elle voulut s’élancer dans les régions supérieures. Un symbole des angoisses auxquelles elle aurait été en proie se trouve dans ces paroles du Sauveur : « Mon âme est triste jusqu’à la mort. » La terreur qu’Horos lui aurait inspirée est évidemment figurée par ces autres paroles : « Mon Père, mon Père, s’il se peut, détournez de moi ce calice ; » et sa perplexe anxiété est manifestée par ces autres paroles du Sauveur : « Que dirai-je ! je ne le sais. »

Le Christ, selon eux, aurait été encore le symbole de la triple classification d’être qu’ils ont admises : l’être matériel d’abord est annoncé par ces paroles du Fils de l’homme, à celui qui lui disait je veux vous suivre : « Le Fils de l’homme n’a pas où reposer sa tête. » L’être psychique serait tout entier dans sa réponse à celui qui le priait de lui permettre de renoncer à tout soin domestique : « Ceux qui mettent la main à la charrue et regardent en arrière, ne sont pas aptes au royaume