Page:Gobineau - Mademoiselle Irnois - 1920.djvu/40

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Justice, puis beaucoup d’autres choses. Bref, Bonaparte, le voyant si expert, le prit et le mit dans le Conseil d’État, où sa vaste érudition en matière légale acheva de le rendre agréable au maître. On l’avait fait comte.

Encore une fois, Cabarot était… je veux dire le comte Cabarot était un homme érudit et distingué par ses connaissances pratiques. Mais il était aussi perdu de mœurs que savant et habile. Je ne puis, ni n’en ai la moindre envie, entrer dans les détails de son existence intérieure. Il me suffira de dire que la société qu’il voyait, réunion de généraux, d’hommes de son métier, de diplomates, tous gens peu bégueules, riaient volontiers de ses habitudes, et que le prince Cambacérès lui accordait une part dans ses confidences.

Le comte Cabarot, avec tant de mérites et la faveur de César, n’était pas riche pourtant. Tout au plus comptait-il trente mille francs de revenu, qui auraient bien semblé une montagne d’or à son père, le pauvre homme ! mais qui ne lui suffisaient pas. Ajoutez à ce chiffre vingt mille francs de dettes par an environ, et vous conviendrez que ce n’était pas assez.

Le comte Cabarot, un jour qu’il travaillait avec sa Majesté Impériale et Royale, osa lui toucher respectueusement quelques mots de sa profonde détresse.

Le souverain des mondes, pour me servir d’une expression orientale, ne répondit à cette plainte touchante que par des reproches, peut-être mérités, sur les horribles voleries de M. le comte.