Page:Guimet - Promenades japonaises, 1880.djvu/181

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musique grecque ? Malheureux Athéniens, comme vous avez dû souffrir !

Une autre musicienne joue d’un petit tambour qu’elle tient de la main gauche sur son épaule et qu’elle frappe de la main droite. Les cordons de soie qui tendent les peaux du tambour sont réunis dans la main gauche qui les serre et les tend à chaque coup frappé, de sorte que le son jappe et crie comme un hurlement de phoque en colère.

Une frêle jeune fille se place devant un tambour incliné et tient longtemps levé le bâton qui doit frapper. Subitement elle l’abaisse et produit un son épouvantable. Où peut-elle prendre la force de faire un tel vacarme ? L’art, l’étude assidue, les dispositions naturelles, le sentiment musical amènent à ces résultats. C’est beau, la musique !

Fière de l’effet obtenu, elle redouble d’activité et je ne crois pas qu’une machine à piler les minerais puisse arriver à ce charme et à cette puissance de sonorité.

Enthousiasmée, elle chante en poussant des cris de chat écrasé. Le sa-missen s’anime et lance ses notes les plus déchirantes, tandis que le petit tambour aboie de son mieux.

Lorsque le morceau est terminé, ce dont on s’aperçoit parce que le bruit cesse subitement, il est d’usage d’offrir le sakké aux exécutants.

Le sakké, c’est l’eau-de-vie du pays, faite avec du riz fermenté et distillé. On le sert tiède dans d’élégants petits flacons de porcelaine. Les petits verres sont remplacés par des coupes minuscules, légères comme des coquilles d’œufs.