Page:Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v9.djvu/154

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être toujours réduits à la cruelle alternative de voir leurs moiſſons brûlées & leurs cultivateurs maſſacrés, ou de pourſuivre ſans relâche, d’exterminer ſans pitié des hordes errantes ? Ne devroient-ils pas préférer à des hoſtilités meurtrières & ſans gloire, un moyen humain & infaillible, de déſarmer un ennemi humilié & implacable ?

Les conquérans ſe flattent que, ſans le ſecours de ces alliances ils doivent bientôt ſe voir délivrés des foibles inquiétudes qui leur relient. C’eſt, diſent-ils, le deſtin des peuples ſauvages, de s’éteindre à meſure que des nations policées viennent s’établir au milieu d’eux. Ne pouvant ſe réſoudre à cultiver la terre, & les ſubſiſtances que leur fourniſſoit la chaſſe diminuant tous les jours, ils ſe voient réduits à s’éloigner de toutes les contrées que l’induſtrie & l’activité veulent défricher. C’eſt, en effet, le parti que prennent tous les jours les Américains, qui erroient au voiſinage des établiſſemens Européens. Ils reculent ; ils s’enfoncent de plus en plus dans les bois ; ils ſe replient vers les Aſſinipoils, vers la baie d’Hudſon, où ſe nuiſant néceſſairement les uns aux