Page:Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v9.djvu/202

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mes frères ; il eſt tems de nous accorder avec nous-mêmes. Affranchiſſons ces misérables victimes de notre orgueil ; rendons aux nègres la liberté que l’homme ne doit jamais ôter à l’homme. Puiſſent, à notre exemple, toutes les ſociétés chrétiennes, réparer une injuſtice cimentée par deux ſiècles de crimes & de brigandages ! Puiſſent enfin des hommes trop long-tems avilis, élever au ciel des bras libres de chaînes, & des yeux baignés des pleurs de la reconnoiſſance ! Hélas ! ces malheureux n’ont connu juſqu’ici que les larmes du déſeſpoir » !

Ce diſcours réveilla les remords ; & le petit nombre d’eſclaves qui appartenoient aux Quakers, furent libres. Si la chaîne de ces malheureux ne fut pas rompue par les autres colons de l’Amérique Septentrionale, du moins la Penſilvanie, la Nouvelle Jerſey & la Virginie demandèrent-elles avec inſtance, que cet infâme trafic d’hommes fut prohibé. Toutes les colonies de ce vaſte continent paroiſſoient diſposées à ſuivre cet exemple : mais elles furent arrêtées par l’ordre que donna la métropole à ſes délégués, de re-