Page:Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v9.djvu/203

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jeter toutes les ouvertures qui tendroient à ce but humain. Ce parti cruel n’eût pas étonné de la part de ces nations, qui ſont auſſi barbares par les liens du vice, qu’elles l’ont été par ceux de l’ignorance. Quand un gouvernement ſacerdotal & militaire a mis tout ſous le joug, même les opinions ; quand l’homme impoſteur a perſuadé à l’homme armé qu’il tenoit du ciel le droit d’opprimer la terre, il n’eſt plus aucune ombre de liberté pour les peuples policés. Comment ne s’en vengeroient-ils pas ſur les peuples de la Zone-Torride ? Mais jamais je ne comprendrai par quelle fatalité la légiſlation la plus heureuſement combinée qui ait jamais exiſté, a pu préférer l’intérêt de quelques-uns de ſes négocians, au cri de la nature, de la raiſon & de la vertu.

XXXIII. À quel degré la population s’eſt-elle élevée dans l’Amérique Septentrionale ?

L’Amérique Septentrionale compte environ quatre cens mille noirs. Le nombre des blancs s’y élève à deux millions cinq ou ſix cens mille, ſi les calculs du congrès ne ſont pas exagérés. Les citoyens doublent tous les quinze ou ſeize ans dans quelques-unes de ces colonies, & tous les dix-huit ou vingt ans dans les autres. Une multiplication ſi ra-