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des deux Indes
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vais miniſtre, avec auſſi peu de formalités, d’appareil, de tumulte & de ſurpriſe qu’on y conduit le plus obſcur des malfaiteurs, la nation n’auroit de ſes droits, ni la juſte idée, ni la pleine jouiſſance qui convenoit à un peuple qui oſoit ſe croire ou s’appeler libre ; & cependant une adminiſtration de votre aveu même, ignorante, corrompue, audacieuſe vous précipite impérieuſement & impunément dans les abymes les plus profonds.

La quantité de vos eſpèces circulantes eſt peu conſidérable. Vous êtes accablés de papiers. Vous en avez ſous toutes ſortes de dénominations. Tout l’or de l’Europe, ramaſſé dans votre tréſor, ſuffiroit à peine à l’acquit de votre dette nationale. On ne ſait par quel incroyable preſtige cette monnoie, fictive ſe ſoutient. L’événement le plus frivole peut du ſoir au matin la jeter dans le décri. Il ne faut qu’une alarme pour amener une banqueroute ſubite. Les ſuites affreuſes qu’auroit ce manque de foi, ſont au-deſſus de notre imagination. Et voilà l’inſtant qu’on vous déſigne pour vous faire déclarer à vos colonies, c’eſt-à-dire, pour vous ſuſciter à vous-même une guerre injuſte, inſensée, ruineuſe. Que de-