Page:Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v9.djvu/270

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viendrez-vous, lorſqu’une branche importante de votre commerce ſera détruite ; lorſque vous aurez perdu un tiers de vos poſſeſſions ; lorſque vous aurez maſſacré un on deux millions de vos compatriotes ; lorſque vos forces ſeront épuisées, vos marchands ruinés, vos manufacturiers réduits à mourir de faim ; lorſque votre dette ſera augmentée & votre revenu diminué ? Prenez-y garde, le ſang des Américains retombera tôt ou tard ſur vos têtes. Son effuſion ſera vengée par vos propres mains ; & vous touchez au moment.

Mais, dites-vous, ce ſont des rebelles… Des rebelles ! & pourquoi ? parce qu’ils ne veulent pas être vos eſclaves. Un peuple ſoumis à la volonté d’un autre peuple qui peut diſpoſer à ſon gré de ſon gouvernement, de ſes loix, de ſon commerce ; l’impoſer comme il lui plaît ; limiter ſon induſtrie & l’enchaîner par des prohibitions arbitraires eſt ſerf, oui il eſt ſerf ; & ſa ſervitude eſt pire que celle qu’il ſubiroit ſous un tyran. On ſe délivre de l’oppreſſion d’un tyran ou par l’expulſion ou par la mort. Vous avez fait l’un & l’autre. Mais une nation, on ne la tue point, on ne la chaſſe point. On ne peut attendre la liberté que