Page:Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v9.djvu/283

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ſi néceſſaire n’eſt que celle des animaux imbéciles de la fable, entre leſquels vous vous êtes réſervé le rôle du lion.

Peut-être ne vous êtes-vous laiſſés entraîner à remplir de ſang & de ravages le Nouveau-Monde que par un faux point d’honneur. Nous aimons à nous perſuader que tant de forfaits n’ont pas été les conséquences d’un projet froidement concerté. On vous avoit dit que les Américains n’étoient qu’un vil troupeau de lâches que la moindre menace ameneroit tremblans & conſternés à tout ce qu’il vous plairoit d’exiger. À la place des hommes puſillanimes qu’on vous avoit peints & promis, vous rencontrez de braves gens, de véritables Anglois, des concitoyens dignes de vous. Étoit-ce une raiſon de vous irriter ? Quoi ! vos aïeux ont admiré le Batave ſecouant le joug Eſpagnol ; & ce joug, vous ſeriez étonnés, vous leurs deſcendans, que vos compatriotes, vos frères, ceux qui ſentoient votre ſang circuler dans leurs veines euſſent préféré d’en arroſer la terre & de mourir plutôt que de vivre eſclaves ? Un étranger, ſur lequel vous euſſiez formé les mêmes pré-