Page:Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v9.djvu/29

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dès-lors Penſilvanie. Tous les Quakers que le clergé persécutoit, parce qu’ils refuſoient de payer la dîme & les autres taxes imposées par l’avarice & l’impoſture eccléſiaſtiques, demandoient à le ſuivre : mais par une prévoyance éclairée, il ne voulut en amener d’abord que deux mille.

Son arrivée au Nouveau-Monde fut ſignalée par un acte d’équité, qui fit aimer ſa perſonne & chérir ſes principes. Peu ſatiſfait du droit que lui donnoit ſur ſon établiſſement la ceſſion du miniſtère Britannique, il réſolut d’acheter des naturels du pays, le vaſte territoire qu’il ſe propoſoit de peupler. On ne ſait point le prix qu’y mirent les ſauvages : mais quoiqu’on les accuſe de ſtupidité pour avoir vendu ce qu’ils ne devoient jamais aliéner, Penn n’en eut pas moins la gloire d’avoir donné en Amérique un exemple de juſtice & de modération, que les Européens n’avoient pas même imaginé juſqu’alors. Il légitima ſa poſſeſſion autant qu’il dépendoit de ſes moyens. Enfin il ajouta par l’uſage qu’il en fit, ce qui pouvoit manquer à la fonction du droit qu’il y acquéroit. Les Américains prirent