Page:Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v9.djvu/30

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pour ſa nouvelle colonie autant d’affection, qu’ils avoient conçu d’éloignement pour toutes celles qu’on avoit fondées à leur voiſinage, ſans conſulter leurs droits ni leur volonté. Dès-lors s’établit entre les deux peuples une confiance réciproque dont rien n’altéra jamais la douceur, dont une bonne foi mutuelle reſſerra de plus en plus les heureux liens.

L’humanité de Penn ne pouvoit pas ſe borner aux ſauvages. Elle s’étendit ſur tous ceux qui viendroient habiter ſon empire. Comme le bonheur des hommes y devoit dépendre de la légiſlation, il fonda la ſienne ſur les deux pivots de la ſplendeur des états & de la félicité des citoyens : la propriété, la liberté. S’il étoit permis d’emprunter le langage de la fable dans un moment qui ſemble fabuleux, je dirois qu’Aſtrée remontée au ciel depuis ſi long-tems, en eſt deſcendue, & que le règne de l’innocence & de la concorde va renaître parmi les hommes. C’eſt ici que l’écrivain & ſon lecteur vont reſpirer. C’eſt ici qu’ils ſe dédommageront du dégoût, de l’horreur ou de la triſteſſe qu’inſpire l’hiſtoire moderne, & ſur-tout l’hiſtoire

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