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Page:Ibn Khaldoun - Histoire des Berbères, trad. Slane, tome 1.djvu/483

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EN-NOWEIRI.

tants, d’un commun accord, lui ôtèrent la vie[1] et se mirent de nouveau sous les ordres de leur ancien gouverneur, Mohammed-Ibn-Yezîd.

§ XVI. — MOHAMMED-IBN-YEZÎD, GOUVERNEUR POUR LA SECONDE FOIS.

Ils écrivirent alors au khalife Yezîd-Ibn-Abd-el-Mélek pour lui déclarer qu’ils n’avaient pas renoncé à leur fidélité, mais que Yezîd-Ibn-Abi-Moslem les avait traités d’une manière outrageante devant Dieu et les musulmans, et qu’ils venaient de se remettre sous l’autorité de leur ancien gouverneur. Le khalife leur fit une réponse par laquelle il désapprouva la conduite d’Ibn-Abi-Moslem et confirma le choix qu’ils avaient fait de Mohammed-Ibn-Yezîd[2].

§ XVII. — GOUVERNEMENT DE BICHR-IBN-SAFOUAN-EL-KELBI.

Dans la suite, Bichr, fils de Safouan, de la tribu de Kelb, fut chargé du gouvernement de l’Ifrîkïa. Arrivé en ce pays l’an 103 (721-722 de J.-C.), il destitua El-Horr-Ibn-Abd-er-Rahman, gouverneur de l’Espagne, et les remplaça par Anbeça-el-Kelbi. Ensuite il fit une expédition en Sicile, d’où il revint avec un

  1. En 101, selon Ibn-Abd-el-Hakem. — Il paraît, d’après les traditions recueillies par cet auteur, que Yezîd s’était formé une garde berbère composée des néophytes que Mouça-Ibn-Noceir avait pris sous son patronage. Voulant leur donner une marque distinctive, il imagina de faire tatouer des inscriptions sur les mains de ces hommes ; la main droite devait porter le nom de l’individu, et, la main gauche, les mots : garde de Yezîd, « car tel, disait-il, est l’usage des Grecs. » Les soldats furent tellement mécontents qu’ils l’assassinèrent dans son oratoire.
  2. Le peuple voulait prendre pour chef El-Mogheira-Ibn-Abi-Borda le coreichite ; mais celui-ci, craignant la colère du khalife, s’y refusa. L’on choisit alors Mohammed-Ibn-Aus-el-Ansari, qui prit le commandement après avoir écrit au khalife Yezîd pour l’instruire de ce qui venait de se passer. Le khalife agréa sa justification, et, en l’an 102, il donna le gouvernement de l’Ifrîkïa à Bichr-Ibn-Safouan.