Page:Ibn Khaldoun - Histoire des Berbères, trad. Slane, tome 1.djvu/488

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
362
APPENDICE.

ville à Abd-er-Rahman-Ibn-Ocba-el-Ghaffari qui était alors grand cadi de l’Ifrîkïa. Ayant appris que Habîb-Ibn-Abi-Obeida résistait toujours aux Berbères, il alla à leur rencontre et les trouva, au nombre de trente mille, sur le bord de la rivière de Tanger[1] où Khaled-Ibn-Hamîd vint les rejoindre. Les deux armées se livrèrent alors une bataille terrible[2] ; Kolthoum y périt ainsi qu’Ibn-Abi-Obeida, Soleiman-Ibn-Abi-Mohadjer et les principaux chefs des Arabes. Le reste prit la fuite ; les troupes syriennes passèrent en Espagne, pendant que celles de l’Égypte et de la province d’Afrique se réfugièrent en Ifrîkïa. Quand on sut à Cairouan que Kolthoum avait perdu la vie, le peuple de cette ville se révolta ; et, en même temps, Okacha-Ibn-Aïoub-el-Fezari souleva les habitants de Cabes. Okacha était sofrite. Il avait commandé l’avant-garde des Syriens lors de leur entrée en Ifrîkïa avec Obeid-Allah-Ibn-Habhâb. Attaqué maintenant et défait par Abd-er-Rahman-Ibn-Ocba, qui s’était aussitôt mis en marche contre lui, il prit la fuite, laissant un grand nombre de ses partisans sur le champ de bataille. Quand Hicham-Ibn-Abd-el-Mélek apprit l’état dans lequel se trouvait la province, il y envoya Handala, fils de Safouan, de la tribu de Kelb.

§ XXI. — GOUVERNEMENT DE HANDALA-IBN-SAFOUAN-EL-KELBI.

En l’an 119 (737), Handala fut nommé gouverneur de l’Égypte par Hicham, et il continua à remplir cette charge jusqu’au temps où ce khalife l’envoya en Ifrîkïa. Il y arriva au mois de Rebiâ second de l’an 124 (février-mars 742) ; mais à peine se fut-il installé à Cairouan, qu’Okacha le sofrite marcha contre lui avec une telle multitude de Berbères, que jamais pareil rassemblement ne s’était vu en Ifrîkïa. Ce fut après sa défaite qu’Okacka était parvenu à rassembler cette nombreuse armée dans laquelle [presque] toutes les tribus berbères se trouvèrent réunies. En même temps, un autre corps très-considérable s’avança sous les

  1. Il s’agit du Sebou, la rivière qui coule près de Fez.
  2. Cette bataille eut lieu en l’an 123, ou l’année suivante. — (Ibn-Abd-el-Hakem.)