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LA MORT D’HENRY


partie, il se tuerait… » « Ce serait une fin peu intelligente », observa l’Anglais. « Je ne peux pourtant pas ramasser des bouts de cigares dans la rue ; il faut que je vive. » Strong lui suggère de faire sa confession dans la presse anglaise ; ses articles seront bien payés, deux cent cinquante livres. Aussitôt Esterhazy : « C’est Sandherr qui m’a commandé décrire le bordereau ; je raconterai cette histoire et quelques autres[1]. »

À l’audience[2], Esterhazy prit le premier la parole, donna lecture d’une lettre de l’un de ses parents, le commandant (en retraite) de Faultrier, qui l’assurait de son estime et de celle de son beau-frère, le général de Geslin ; et il passa au président la lettre de Du Paty : « Le général de Boisdeffre n’est pas sans savoir que j’ai eu des relations indirectes avec le commandant Esterhazy. »

Quand le général Florentin lui eût rendu la pièce : « J’en ai bien d’autres, dit-il en la rempochant ; en ce moment même, je me retiens[3]. » Puis, après une nouvelle audition de Du Paty, qui ne disputa plus[4], et de Pellieux, plus ferme sur ses étriers, qui nia le propos sur la « partie liée »[5], il lança une dernière fanfare : « Je me réclame des généraux, mes ancêtres. »

Les officiers passèrent au vote. Ils prononcèrent, par trois voix contre deux, que « l’officier enquêté était dans le cas d’être mis en réforme pour inconduite habituelle », mais, à l’unanimité, qu’il ne l’était pas pour faute contre la discipline, — donc, ces cinq soldats

  1. Cass., I, 743, 744, Strong.
  2. 27 août 1898.
  3. Cass., II, 184. Esterhazy.
  4. Ibid., 185, Du Paty. Il dit que, sauf les lettres à Félix Faure, il avait tout raconté à Cavaignac.
  5. Ibid., 186, Pellieux.