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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


mêmes derniers jours d’août, qu’Henry, alors jeune capitaine de zouaves, s’était distingué à l’autre bout du monde, au fond de l’Indo-Chine, « dans une série de surprises et d’embuscades[1] ».

Pendant tout le temps que dura l’interrogatoire, Boisdeffre et Gonse gardèrent le silence, « une stupéfaction douloureuse » peinte sur leurs visages, la sotte figure de Gonse, la belle tête fine de Boisdeffre, à mesure que la certitude s’imposait[2].

Roget tint la plume, « sténographia le dialogue entre le ministre et Henry[3] ».

Cavaignac procéda avec beaucoup de méthode à l’interrogatoire, « ni officiel, ni judiciaire, mais simplement administratif », pour « savoir la vérité[4] ». Il prévint d’abord Henry « que l’examen des deux pièces

  1. Lettre du général Munier, d’Hanoï, le 6 octobre 1887. au colonel commandant la troisième brigade, à Hué : « Dans la série de surprises et d’embuscades, qu’il a organisées du 28 août au 1er septembre, aux environs du poste de Yen-Gia, et qui ont eu pour résultat la capture de deux chefs rebelles importants, M. le capitaine Henry, du 2e zouaves, a fait preuve d’une très grande énergie et d’une parfaite entente de la guerre de partisans. »
  2. Cass., I, 121, Roget : « J’ai vu sur leur visage une expression de stupéfaction si douloureuse… »
  3. Rennes, I, 199, Cavaignac : « Cet interrogatoire a été en quelque sorte sténographié par le général Roget, à qui j’avais confié cette mission et qui a noté au fur et à mesure les réponses d’Henry sur des notes qui ont été conservées et figurent encore au dossier. » — L’interrogatoire commença à 2 h. 30 (Revision, 98, procès-verbal). — Les notes de Roget ont été communiquées à la Cour de cassation (III, 82, Ballot-Beaupré, liasse n° 1). La rapporteur constate que le procès-verbal lui-même n’a été rédigé que le 3 septembre, « Et Henry n’était plus là pour y apposer sa signature ! » La sincérité du procès-verbal a été mise en doute par Esterhazy (Cass., I, 593) et par de nombreux écrivains revisionnistes. Le document, dans son ensemble, ne me paraît pas sérieusement contestable.
  4. Rennes, I, 319, Roget.