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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS

Brisson, d’un grand geste, fit signe au champenois de se taire.

XI

De ce qu’il n’avait pas commis le crime d’enterrer sa formidable et ridicule erreur, Cavaignac se croyait plus infaillible que jamais.

La discussion s’engagea. Brisson proposa le renouvellement de l’État-Major général et ajouta « qu’il fallait se mettre en face de la revision ». Cavaignac lui tint tête, appuyé par plusieurs des ministres. Il a déjà refusé la démission de Boisdeffre ; il ne consentira pas davantage à d’autres représailles, comme de frapper Pellieux, qui, le premier, au procès de Zola, a produit le faux et menacé le jury, ou Gonse, le supérieur direct d’Henry, qui, à la même audience, a certifié l’authenticité de la pièce apocryphe. Des paroles vives furent échangées. Finalement, on ajourna la suite des débats au lendemain, au conseil des ministres que présiderait Félix Faure, rentré de la veille. Nul ne s’étonna qu’Henry n’eût pas été enfermé au Cherche-Midi : pourquoi l’avoir mis simplement aux arrêts de forteresse[1] ? On décida seulement qu’une note officielle, relatant les aveux d’Henry, serait communiquée aux journaux[2].

  1. « En droit constitutionnel, je suis responsable de la mort d’Henry, envoyé au Mont-Valérien où il fut mal gardé. » (Souvenirs de Brisson, Siècle du 13 juillet 1903.)
  2. Voici le texte de cette note qui fut portée à 11 heures à l’Agence Havas : « Aujourd’hui, dans le cabinet du ministre de la Guerre, le lieutenant-colonel Henry a été reconnu et s’est reconnu lui-même l’auteur de la lettre en date d’octobre