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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


les conspirateurs, par une « note identique », que le Gouvernement était prévenu[1].

Pendant huit jours, il ne fut question que du grand complot militaire.

Enfin, à tant de causes d’agitation, une autre s’ajoutait depuis quelques jours, exagérée comme la vision même des réalités qu’on a dans la fièvre : la crainte d’une guerre avec l’Angleterre.

Hanotaux et Delcassé, sous ce même ministère Dupuy qui fit le procès de Dreyfus (l’un aux Colonies, l’autre aux Affaires Étrangères), avaient conçu le dessein de couper à l’Angleterre la route du Caire au Cap. Une mission « d’étude », partant du Congo, traversera l’Afrique dans sa largeur et, si elle parvient au Nil blanc, s’y installera, dans les territoires soudaniens, alors abandonnés par l’Angleterre et par l’Égypte, et sous la domination des derviches. Plus tard, on y constituera un établissement plus solide, on traitera avec les tribus du désert. Un jour, avec l’aide de l’Éthiopie, on prendra les Anglais à revers.

L’exécution de la première partie de ce plan insensé, la traversée de l’Afrique, fut confiée à un jeune capitaine, intelligent et ambitieux, qui avait déjà fait plusieurs campagnes aux pays équatoriaux. Officiellement, Marchand n’était chargé que d’opérer la relève

    l’imminent coup d’État, d’après des nouvelles sûres de Paris. Je me montrai sceptique. En arrivant à la gare du Nord, je rencontrai Charles Ephrussi, directeur de la Gazette des Beaux-Arts, qui m’accompagna chez moi, avant de rentrer chez lui. Quelque policier nous suivit. On annonça le lendemain (17) que j’étais revenu avec Zola ; l’huissier Frécourt, chargé de lui signifier l’arrêt de Versailles, fit faire une enquête au domicile d’Ephrussi. (Temps du 20 octobre 1898.)

  1. La note parut dans l’Aurore, le Siècle, le Radical et la Petite République du 14 octobre. Millerand refusa de la publier dans la Lanterne. (Vaughan, 187.)