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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


Gaston Pâris, aussitôt, le fit observer à Sorel qui s’était inscrit avec un grand nombre de membres de l’Institut[1] : « L’omission de tout hommage à la magistrature, au moment où on l’accable des injures à la fois les plus odieuses et les plus ridicules, n’est pas la seule qui me frappe. Il n’est point question de la justice elle-même, ni de la recherche impartiale de la vérité… Cependant, l’amour de la justice est le signe à la fois le plus noble et le plus essentiel de la civilisation[2]. » Et, tout de suite, une autre sottise fit voir qu’il ne s’agissait pas d’une œuvre d’apaisement et de concorde, qui aurait été légitime entre toutes, mais d’une nouvelle machine de guerre. Hervé de Kérohant envoya son adhésion ; le Comité la refusa, ne voulant « d’aucun des signataires qui avaient appuyé les manifestations de Dreyfus et de Picquart »[3], alors qu’il accueillait tous les souscripteurs de la Libre Parole en l’honneur d’Henry.

Cependant, beaucoup furent trompés, comme il

  1. Gaston Boissier, Brunetière, duc de Broglie, d’Haussonville, Costa de Beauregard, de Hérédia, Legouvé, Rousse, Albert de Mun, Houssaye, Vandal, Theuriet, Mézières, Lavedan, de Voguë, Cherbuliez, Bourget, d’Audiffret-Pasquier, Bornier, de l’Académie Française ; Gebhardt, Lasteyrie, Larroumet, Amagat, Babelon, de Barthélémy, Boussinesq, Bichat, Callandreau, Blondiot, Detaille, Foucart, Gérôme, Grandidier, Guillot, Paul Janet, Hermitte, Rambaud, Héron de Villefosse, Harpignies, etc., membres de l’Institut ; Crouslé, Petit de Julleville, Marcel Dubois, Puech, Faguet, professeurs à la Sorbonne ; Mistral. Dès qu’ils reconnurent où ils s’étaient fourvoyés, Pierre Laffite, le successeur de Comte, et Larroumet donnèrent leur démission. Sorel, qui était secrétaire général du Sénat, fut mis en demeure, un peu plus tard, de donner la sienne.
  2. Figaro du 3 janvier 1899. Lavisse, Joseph Bertrand, Havet, Monod, etc., formulèrent des réserves semblables. — Le 31 décembre, Galliffet avait adressé au président et aux membres de la Chambre criminelle « le témoignage de sa cordiale sympathie et de son absolue confiance ». Il signa : « Un soldat. »
  3. 3 janvier.