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Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1905, Tome 5.djvu/403

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RENNES


sur le petit bleu, à l’exception du grattage sur lequel il va chose jugée[1], ils démasquent de nouvelles accusations sur d’obscures affaires d’espionnage[2], où il aurait usé des procédés qu’il reproche aux autres (communications secrètes aux juges, enquêtes hâtives, machinations bizarres ou louches) ; puis, quand son imperturbable mémoire lui a fourni des réponses précises, soit qu’on lui impute, selon l’usage, des actes de Du Paty[3] et d’Henry[4], soit qu’on lui reproche des investigations où il n’a procédé que d’accord avec ses chefs, Gonse proteste que « M. Picquart travestit les faits », Roget lui oppose « son dédain » et Lauth, descendant au dernier dessous de la vilenie, outrage une femme que Picquart ne peut défendre sans la perdre[5]. À cette heure, la plus douloureuse pour lui du procès, il eut le plus haut courage, celui que la foule des faux braves et des sots est incapable de comprendre : il eût voulu frapper l’insulteur, risquer sa vie contre la sienne, et il ravala l’injure.

    ches. » (I, 395.) Cette déduction fui vivement relevée par les journaux nationalistes : « Ce qui perce aujourd’hui dans la thèse de Picquart, c’est que nous allons avoir un troisième traître, le colonel Du Paty de Clam. Cela n’est encore qu’indiqué, insinué, murmuré, mais si vaguement, si faiblement qu’il sera toujours possible à Picquart de se rétracter. » (Écho.) « Il cherchait moins à accuser Esterhazy qu’à perdre M. Du Paty de Clam. » (Liberté.) Pendant toute la durée du procès de Rennes, les amis de Mercier s’appliquèrent à ménager Du Paty, à l’irriter contre les défenseurs de Dreyfus.

  1. Roget admet que le grattage a pu être fait, par quelqu’un du service des renseignements, pour compromettre Picquart. (I, 331.) Lauth dit qu’il n’a jamais remarqué le grattage. (I, 631.)
  2. Affaires Caïnelli, Galanti, Schwartz, Lajoux. (I, 311, Roget ; 552, Gonse ; 614 et 628, Lauth ; 503 et 637, Picquart.)
  3. Surveillance contre d’Orval. (I, 308, Roget ; 371, Picquart.)
  4. Communication d’une pièce secrète dans l’affaire Caïnelli. (I, 315, Roget ; 397. Picquart.)
  5. Rennes, I, 557, Gonse ; 479, Roget ; III, 467. Lauth : « À