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sieurs autres, ont traitées de fabuleuses. La terreur que l’irruption subite des Mongols avait inspirée depuis la Corée et le Japon, jusqu’en Pologne et en Silésie, s’était propagée en Allemagne, en Italie, et en France même. On voulut savoir quels étaient ces barbares nouveaux, qui menaçaient d’envahir encore une fois l’Europe romaine, après avoir conquis et dévasté l’Asie. On hasarda de leur envoyer des ambassadeurs ; on brava leurs menaces, on dévora leurs mépris ; et le résultat des courses lointaines et périlleuses entreprises par les envoyés de saint Louis et du souverain pontife, fut d’ouvrir avec les généraux tartares, devenus souverains de la Perse, de l’Arménie et de la Géorgie, des relations qu’on espérait faire tourner au profit du christianisme et de la cause des croisés. Tel fut l’état de ces négociations dans leur première période. Tel était l’objet du premier Mémoire, dans lequel je crus devoir les étudier avec d’autant plus de détail, que les historiens des croisades me paraissaient en avoir tous, sans exception, méconnu la nature et l’importance.

J’ai été pleinement confirmé dans cette idée, par la suite de mes recherches sur cette matière. Il y avait effectivement là, dans notre histoire, un point qui réclamait un examen particulier. Les pièces originales en langue mongole, que j’ai retrouvées dans les Archives royales, et qui ont été ainsi lues et traduites pour la première fois, 600 ans après l’époque où elles avaient été écrites, m’ont fourni la preuve incontestable qu’il avait existé à cette époque un sys-