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avec distinction ceux qui venaient de la part des Francs. Aussi fiers et moins adroits que le thébain Isménias à la cour du grand roi, les envoyés français qui allèrent trouver le roi de Perse en 1288, refusèrent absolument de saluer ce prince en se prosternant devant lui, comme l’étiquette l’exigeait. « Ils eussent, disaient-ils, manqué à ce qu’ils se devaient, en rendant un tel hommage à un roi qui n’était pas chrétien ». Le prince tartare endura sans courroux cette conduite hautaine, et les plaintes qu’il en adressa à Philippe le Bel furent remplies de modération. « Si le roi de France, dit-il, a donné à a ses ambassadeurs l’ordre d’agir ainsi, il en est tout satisfait ; car ce qui vous plaît, lui plaît aussi ». Toutefois, si on renvoie les mêmes messagers, ou bien d’autres, on prie Philippe de permettre qu’ils fassent au roi de Perse telle révérence et honneur comme coutume et usage est en sa cour ; sans passer feu. Ces derniers mots signifient que pour l’amour du foi de France, on dispensera ses envoyés d’une cérémonie qui était usitée chez les Tartares, et qui consistait à faire passer tous les étrangers, voyageurs, ambassadeurs et rois même, entre deux bûchers allumés, pour les purger des malignes influences qu’ils auraient pu apporter. L’omission de cette sorte de précaution diplomatique, est une nouvelle preuve du crédit dont les Français jouissaient à la cour des Mongols de Perse.

J’ai compté neuf tentatives principales, faites par les princes chrétiens, pour se lier avec les Mongols ;