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et jusqu’à quinze ambassades envoyées par les Tartares en Europe, et principalement aux papes et aux rois de France. Parmi ces dernières, les historiens n’en avaient guère indiqué qu’une, pour donner à entendre qu’elle était l’œuvre de quelques aventuriers sans mission, qui étaient venus imposer à saint Louis, pendant son séjour en Chypre. On n’imaginait pas ce que des Tartares pouvaient avoir à demander à un roi de France. Or, dans ces matières, ce qu’on ne conçoit pas, on est toujours porté à le révoquer en doute ; il en coûte même fort peu de le nier, sauf à reconnaître ensuite qu’on avait examiné trop légèrement, ou qu’on n’avait pas examiné du tout. Un pareil scepticisme était assez naturel, quand on n’avait pas encore réuni les faits du même genres et mis en lumière les monumens qui les attestent d’une manière irréfragable ; il serait déraisonnable maintenant, quand on voit que les Mongols n’ont fait autre chose pendant soixante années, qu’ils avaient de bons motifs pour agir ainsi, et que leur conduite s’explique par les règles communes de la raison et de la politique.

Un autre résultat de mes recherches, est de confirmer tout à la fois diverses conjectures précédemment émises sur l’origine de ces découvertes, qui ont signalé la fin du moyen âge : l’usage de la boussole, l’imprimerie stéréotype, la gravure en bois, l’artillerie. On savait vaguement que toutes ces inventions, ainsi que bien d’autres procédés industriels étaient à la disposition des Asiatiques, long-tems avant l’époque où