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Page:Journal asiatique, série 1, tome 1.djvu/27

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sulmans et leurs chefs glorieux. Dites-leur que Dhérar est chargé de fers, et qu’il gémit loin de sa patrie dans des contrées inhabitées. Colombes de Nagd, faites entendre les discours d’un être souffrant, seul et délaissé, et qui languit dans l’opprobre de la captivité. Si ma sœur bien-aimée s’informe de mon sort, dites-lui que mes larmes coulent en aussi grande abondance que les eaux des nuages. Colombes de Nagd, gémissez aux lieux qui m’ont vu naître, et dites : Dhérar est vivement ému au souvenir de sa terre natale. Si vous approchez des tentes où repose ma famille, dites alors : C’est ainsi que la fortune fait succéder la douleur à la félicité. Dites : Le captif que vous connaissez est en proie à des flammes dévorantes, et tout son corps est abattu par la souffrance. Sa vie ne s’étend pas au-delà de vingt-huit ans ; et les grâces qui naguères brillaient sur son visage, aujourd’hui sont effacées par les larmes que lui ont fait répandre et l’absence et des maux sans remède. Il a quitté volontairement sa patrie dans le dessein de combattre les infidèles, et ces enfans de l’ignominie se sont emparés de lui par la trahison. Amis compatissans, que Dieu vous comble de ses bénédictions ! Hâtez-vous de déposer mon corps dans cette terre, et écrivez sur ma tombe l’étrange histoire de mes malheurs. Ô vous, colombes d’Al-Hathîm et de Zemzem, faites à ma mère le récit de ma fin déplorable, et montrez-lui le lieu de ma sépulture. Peut-être la fortune, devenue un jour propice, permettra-t-elle à ma mère de visiter le tombeau abandonné d’un étranger !